Les voyageurs habitués au confort des TGV entre Paris et Marseille vont devoir s’armer de patience.
Du 9 au 12 novembre 2024, le trajet prendra plus du double du temps habituel.
Une situation exceptionnelle qui bouscule les habitudes des usagers et soulève des questions sur l’avenir du rail français.
Un rallongement spectaculaire des temps de parcours
La SNCF annonce une durée de trajet de 7h30 entre la capitale et la cité phocéenne, contre 3h en temps normal. Ce changement draconien s’explique par la fermeture temporaire de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) reliant Lyon à Paris.
Les impacts ne se limitent pas à l’axe Paris-Marseille. D’autres liaisons majeures sont concernées :
- Lyon-Paris : 4h30 au lieu de 2h
- Paris-Grenoble : 6h au lieu de 3h
Ces modifications touchent l’ensemble du réseau sud-est, avec des répercussions sur de nombreuses destinations.
Des travaux de modernisation d’envergure
Cette fermeture temporaire s’inscrit dans un vaste projet de modernisation du réseau ferroviaire français. L’objectif ? Équiper la ligne du système de signalisation ERTMS (European Rail Traffic Management System), un standard européen visant à améliorer la performance et la sécurité du trafic ferroviaire.
Les bénéfices attendus
Ces travaux, bien que contraignants à court terme, promettent des avantages considérables pour l’avenir :
- Amélioration de la régularité des trains
- Augmentation de la fiabilité du réseau
- Accroissement de la capacité de la ligne de 25% d’ici 2030
- Passage de 13 à 16 trains par heure et par sens
La SNCF qualifie ces améliorations de « bond technologique », une première mondiale sur une ligne à grande vitesse en exploitation.
Un défi logistique pour la SNCF
La fermeture de la LGV oblige la SNCF à repenser entièrement son organisation sur l’axe sud-est. Les trains seront déroutés sur la ligne historique PLM (Paris-Lyon-Marseille), circulant à une vitesse moyenne de 160 km/h, bien loin des 300 km/h habituels sur la LGV.
Une réduction drastique du trafic
Durant cette période, seuls 30% des TGV circuleront par rapport à un week-end normal sur l’axe sud-est. Cette réduction s’accompagne de modifications importantes :
- Arrêts exceptionnels dans des villes comme Dijon ou Valence
- Suppression de la desserte de Nice
- Interruption totale de la ligne vers Lille
L’impact sur les voyageurs
Ces changements vont considérablement perturber les habitudes des usagers. Les voyageurs devront s’adapter à des trajets plus longs, des horaires modifiés et potentiellement des correspondances inhabituelles.
Des liaisons interrégionales affectées
Certaines liaisons seront particulièrement impactées, voire supprimées :
- Liaisons entre le sud-est et les Pays de la Loire
- Connexions avec la Bretagne
- Trajets vers la Normandie
- Liaisons avec le Centre-Val-de-Loire
- Connexions avec les Hauts-de-France
Ces perturbations obligeront de nombreux voyageurs à revoir leurs plans de déplacement pour cette période.
Une planification minutieuse
La SNCF n’a pas choisi ces dates au hasard. La période du 9 au 12 novembre correspond à un week-end prolongé, incluant le jour férié du 11 novembre. Ce choix vise à minimiser l’impact sur les déplacements professionnels, tout en profitant d’une période généralement moins chargée en termes de trafic.
Un chantier préparé de longue date
Ces quatre jours de fermeture sont l’aboutissement d’un projet débuté il y a cinq ans. Jusqu’à présent, les travaux avaient été menés sans impact majeur sur les voyageurs. Cette phase finale, bien que contraignante, est cruciale pour finaliser les installations.
Les coulisses du chantier
L’ampleur des travaux entrepris est considérable. Outre l’installation du système ERTMS, le chantier comprend :
- La mise en service de 58 nouveaux postes d’aiguillage
- La création d’un nouveau centre de commande à Lyon
Ces infrastructures sont essentielles pour optimiser la gestion du trafic et améliorer la réactivité en cas de perturbations.
Les alternatives pour les voyageurs
Face à ces perturbations, les voyageurs devront envisager différentes options :
- Modifier leurs dates de voyage si possible
- Opter pour des moyens de transport alternatifs (avion, covoiturage)
- Prévoir des correspondances inhabituelles
- S’adapter à des horaires de départ et d’arrivée modifiés
La SNCF recommande aux voyageurs de se tenir informés et de vérifier régulièrement les horaires et disponibilités des trains.
Un test grandeur nature pour le réseau ferroviaire français
Cette opération de grande envergure constitue un véritable défi logistique pour la SNCF. Elle mettra à l’épreuve la capacité du réseau à s’adapter et à gérer des situations exceptionnelles. Les enseignements tirés de cette expérience pourraient s’avérer précieux pour de futurs projets de modernisation.
Vers un réseau ferroviaire européen unifié
L’adoption du système ERTMS s’inscrit dans une vision plus large d’un réseau ferroviaire européen harmonisé. Ce standard commun vise à faciliter la circulation des trains entre les différents pays de l’Union Européenne, ouvrant la voie à une concurrence accrue et à une offre de services élargie pour les voyageurs.
L’avenir du rail français
Ces travaux de modernisation sont un investissement crucial pour l’avenir du rail en France. Ils permettront d’accroître la capacité du réseau, d’améliorer la ponctualité des trains et de répondre à une demande croissante de mobilité durable. À terme, ces améliorations pourraient renforcer l’attrait du train face à d’autres modes de transport, contribuant ainsi à la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports.
Alors que le réseau ferroviaire français se prépare à franchir une nouvelle étape de son évolution, les yeux seront rivés sur cette opération de novembre 2024. Son succès pourrait ouvrir la voie à d’autres projets ambitieux, redessinant progressivement le paysage ferroviaire hexagonal pour les décennies à venir.